190               MEMOIRES DB PIERRE OE LESTOILE.
et qu'ils pàrloient non seulement d'emprisonner, mais aussi de pendre les politiques, et principalement ceux de la justice qui avoient esté du procés de Brigard, « Je cc crois bien une partie de ce que me dites, respondit a M. le president Brisson; mais non pas tout. Je con­ct gnois les Seize. —Je les pense aussi congnoistre quel «c que peu, respondit M. Saint-Sevrin; ce sont mau-<c vaises bestes quand on ne leur monstre pas les dents. <c —- Vous dites vrai de cela, dit M. Brisson; et pour « mon regard, je scai qu'ils m'en veulent, et n'en suis « que trop adverti. Mais avant que commencer ceste « besongné, ils y penseront à deux fois : car ce n'est « pas chose qui s'exécute ainsi, ni qui se jette en moule; cc et quand ils exécutèrent la premiere, s'ils n'eussent « veu les seings de leurs maistres, ils n'i eussent osé « penser. Je le scai fort bien ; et encores quand ils vin-« rent à entamer ceste besongné, le ur leur cuida k faillir. On ne meine pas ainsi tous les ans une cour a prisonniere ; et puis ils ne sont pas tous tant unis que « vous penseriez bien : il y a tousjours quelque faux « frere qui es va n te la mine. Je ne dis pas que la fureur cc de ces gens, et principalement de quelques désespérés a d'entre .eux, ne soit à craindre,.d'autant que Ia seule cc passion les conduit et non la raison, et qu'en la yen-« geance le jugement leur faut, comme à des hommes m qui sont sans Dieu et sans discours. Ce que j'ai tous-ce jours craind pour le particulier plus que pour Ie ge-« néral, et mesmement pour moi, qui me pourrois tou­te tefois asseurer s'il y avoit quelque fidélité en eux, cc pour ce que les plus mauvais se disent bien mon « commandement. Mais pour ce qu'on ne peut prandre « asseurance sur la foi d'un brigand, je vous confesse
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